Logement: le choc de l’offre, une vaste fumisterie

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En écoutant les déclarations de Gabriel Attal, de Christophe Béchu ou du nouveau ministre délégué au logement Guillaume Kasbarian on peut aisément mesurer que derrière des formules sensées assurer que le gouvernement prend à bras le corps la question de la crise du logement se cache un vide sidéral.

Regardons de près les annonces.

1-La simplification des normes et des procédures. À l’évidence cette démarche est toujours la bienvenue. Mais d’une part, elle est assez longue à se concrétiser et hélas la plupart du temps elle ne suffit pas à faire réellement baisser les prix. Elle peut, mais très rarement, raccourcir vraiment les délais de réalisation des logements. En tout cas au mieux elle aura un effet hyper mineur sur la production de logements et ne constitue en rien une contribution réelle à un choc d’offre.

 

2-La création de 22 « territoires engagés pour le logement », où les pouvoirs publics signeront avec certaines collectivités locales, un contrat de production nouvelle avec la mise en œuvre de simplifications/dérogations à l’image de celles engagées pour les Jeux Olympiques. L’objectif annoncé est de 30 000 logements ! Mais en 3 ans soit 10000 par an! Ce chiffre est à des années lumières d’une relance !

En effet, il faut le comparer à une production annuelle moyenne, ces dernières années, de 400 000 logements qui est tombée à 287 000 mises en chantier en 2023. La chute a été de 86 000 en un an !! On voit que ces malheureux 10 000 logements supplémentaires constituent une goutte d’eau.

Par ailleurs il n’est en rien précisé si ces logements sont sociaux ou abordables, c’est à dire s’ils répondent aux besoins prioritaires du pays ou des territoires.

Évidemment ce n’est pas neutre, car les premiers supposent des crédits publics et pas les autres, ni même les logements intermédiaires qui ne bénéficient que de quelques avantages fiscaux !  Or voilà des années que les logements construits sont pour la plupart trop chers par rapport aux ressources de nos concitoyens qui ainsi consacrent une part croissante de leurs revenus à se loger au détriment d’autres dépenses. Le logement plombe le pouvoir d’achat des français

3 -Le détricotage de la loi SRU

-contribuera à accroître le coût du logement même pour les classes moyennes que Gabriel Attal prétend défendre,

– réduira le nombre de logements sociaux réalisés

– remet en cause un des piliers du modèle républicain à savoir la mixité sociale,

– allègera la contribution financière des communes le plus souvent riches et favorisées et constituera une prime à ceux qui n’ont pas appliqué la loi !

– n’engagera pas une véritable relance de la construction.

 En effet inclure dans le calcul des 25% de logements sociaux le logement intermédiaires ce n’est pas favoriser la construction pour les classes moyennes mais pour les classes aiseees puis qu’il s’agit de foyers avec des revenus très nettement supérieurs aux revenus médians !

 Et si, comme on le constate déjà dans bien des territoires, les logements intermédiaires réalisés ne trouvent pas de locataires correspondants à leur cible, on y accueille des familles avec des ressources inférieures mais qui paient un loyer supérieur à ce qu’il serait si avait été construit un PLS (logement HLM pour des catégories moyennes).

Derrière toutes ces arguties, le député des Hauts de Seine devenu ministre fait purement et simplement un cadeau, aux mairies LR les plus huppées. Parmi les 20 premières villes qui ne respectent pas la loi SRU, et de façon persistante,  on trouve  Nice, Cannes, Aix en Provence, Toulon, Antibes, Neuilly, Levallois etc .. C’est un feu vert pour le séparatisme social. Car en consacrant les ghettos de riches, on se refuse à réduire « les ghettos de pauvres » !

 

4- la mise en place de prêts hypothécaires suggérée pour favoriser l’accession à la propriété. Ce système pose de graves risques pour les accédants comme en atteste les nombreux déboires constatés en particulier dans les pays anglo-saxons. A contrario, notre système actuel de taux fixe et de prêt sur la base des ressources de l’acquéreur a montré sa solidité, limitant beaucoup le surendettement, les expulsions des accédants, la revente à vil prix de leur bien.

D’ailleurs, les banques françaises ont manifesté poliment mais clairement leur quasi-refus de cette méthode hasardeuse.

Rien ne serait pire que de faire croire qu’on peut résoudre la crise immobilière actuelle par une fuite en avant, pire encore.

Nous attendons toujours la moindre proposition en faveur du choc de l’offre de logement social dont le nombre de demandeurs ne fait qu’augmenter !!

Bref rien dans les annonces du gouvernement n’engage une politique de relance de la production de logements ! On n’aura pas la cruauté de rappeler que le choc de l’offre était déjà l’engagement d’Emmanuel Macron en 2017 et que cela s’est terminé par un échec sur toute ligne.

Pourtant, oui, il faut produire des logements en grande quantité car les besoins sont là. Et produire en fonction des besoins réels à savoir des logements de qualité, réellement adaptés à ce que les gens peuvent payer.  

On sait désormais tant au regard des expériences étrangères que de la situation française qu’une relance même significative de l’offre ne fera pas baisser les prix. C’est pourtant une condition sinéquanone pour sortir de ces crises récurrentes. Cela suppose des politiques de régulation des prix du foncier, de l’immobilier et des loyers !

 

Faire croire que la production de nouveaux logements (neufs ou anciens rénovés) peut se faire sans régulation et sans engagements budgétaires significatifs  est une vaste fumisterie

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