Une fois de plus, le gouvernement et Emmanuel Macron multiplient les mensonges, les promesses non tenues et l’abdication devant les oukases libéraux de Bruxelles.
L’affaire est grave : le démantèlement d’EDF, la privatisation et la mise en concurrence des barrages, la remise en cause de pans entiers du service public de l’énergie.
L’obligation de l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité a obligé la vente d’électricité produite par EDF à des prix bien inférieurs à ce qu’ils devaient être, au prétexte que les autres opérateurs n’auraient pas été assez « concurrentiels ». Mais évidemment cet exercice a des limites et a fragilisé l’entreprise publique ; le parlement et le gouvernement ont ainsi prévu une hausse du prix de cette prestation. La commission européenne qui devait donner son accord (bonjour la souveraineté nationale !?) a fait son chantage habituel sur deux sujets majeurs :
- l’ouverture à la concurrence des barrages hydroélectriques, ce que la plupart des forces politiques du pays ont toujours refusé, au nom non seulement du service public mais aussi de la nécessité de gérer ces barrages dans une prise en compte permanente des impératifs écologiques et de la gestion du cours des rivières. Ajoutons à cela que l’hydro-électricité est la première énergie renouvelable produite en France.
- mais plus généralement au nom de la « concurrence libre et non faussée » et des sacro-saintes règles sur les aides d’Etat (qui contingentent de façon restrictive les sommes accordées au nom du service public), il fallait laisser prospérer des entreprises concurrentes à EDF et donc ouvrir le capital de l’entreprise publique.
Eh bien, le gouvernement a cédé et avec Hercule il fait éclater EDF pour privatiser ce qui est « rentable ».
Evidemment, personne en France n’imaginait qu’allait être confiée au privé la gestion des centrales nucléaires. Qu’à cela ne tienne ! le gouvernement et la direction d’EDF propose de scinder l’entreprise en trois :
- « EDF bleu » qui gérera le parc nucléaire 100% publique. On sait qu’il va falloir engager d’importants investissements, ne serait-ce que pour la sécurité. Ici la puissance publique prend donc totalement en charge, tandis qu’elle offre au privé les secteurs les plus rentables.
- « AZUR » filiale 100% privée d’EDF pour l’hydro-électricité et, comble de cynisme, c’est le gouvernement qui a insisté pour que AZUR ne soit pas dans le périmètre des SIEG (Services d’intérêt économique général, vocable mal taillé inventé au niveau européen pour ne pas parler de services publics).
- « EDF vert » qui gèrera les énergies renouvelables avec une ouverture du capital au privé limitée à 30%. Mais pour combien de temps ? Car hélas on connait la mécanique mainte fois répétée : l’accroissement progressif de la part du privé et l’abandon de toute capacité du public à contrôler. Or ce secteur du renouvelable a vocation à fortement augmenter.
On ne peut pas croire le gouvernement et Emmanuel Macron : c’est mensonges à tous les étages !
Le gouvernement avait juré ses grands dieux qu’il ferait tout pour éviter la mise en concurrence et donc la privatisation des barrages. D’ailleurs, à moultes reprises, le Sénat s’y était opposé ! Premier mensonge.
Barbara Pompili avait aussi promis, le 10 Novembre 2020 encore, qu’EDF resterait une entreprise intégrée et publique. Il n’en est rien ! Mais comme d’habitude, la Macronie joue sur les mots et tente de faire croire que l’existence de liens entre ces trois entités maintiendrait un groupe intégré. Non ! Les bénéfices des uns ne financeront pas les déficits des autres ou des investissements pour tous. Non ! Il n’y aura pas convergence des stratégies mais bel et bien autonomie des structures et les statuts des salariés ne seront pas comparables. Leurre pour camoufler un second mensonge !
Ce sont les mêmes qui versent ensuite des larmes de crocodiles sur le discrédit du politique et sur le fait que les Français ne croient plus ceux qui les gouvernent. En effet, on ne peut plus croire le gouvernement qui multiplie les pirouettes verbales pour cacher son impuissance à faire prendre en compte les intérêts français et notre modèle républicain, à tenir ses promesses, à affronter en vérité et avec efficacité les problèmes, à anticiper !
Dans d’autres pays, comme la Suisse ou l’Italie, on pourrait organiser un Référendum d’initiative citoyenne. Ici impossible. C’est par cette procédure que les Italiens ont fait échouer la privatisation de l’eau dans leur pays.
Alors il faut tous se mobiliser pour tenter de faire échec à ce mauvais coup : Non au démantèlement d’EDF et pour un pôle public de l’énergie.
Mauvais coup pour notre souveraineté nationale : car la maîtrise et la gestion de l’énergie doivent relever des choix de nos concitoyens, assurer notre indépendance, garantir la bonne mise en œuvre du mix énergétique décidé, assurer des tarifs bas pour nos concitoyens et les entreprises, la continuité du service et un vrai service public.
Le prix de l’énergie est un enjeu majeur car il impacte fortement le pouvoir d’achat des Français et la fameuse compétitivité de nos entreprises. Historiquement, le prix de l’énergie était bas en France et constituait un facteur d’attractivité, compensant un niveau de cotisations sociales plutôt plus élevées qu’ailleurs. Au nom de la concurrence d’abord, puis d’une théorie assez fumeuse selon laquelle un niveau élevé de taxes amènerait à économiser l’énergie, les prix ont été « libérés » et ont augmenté. C’est ainsi que des entreprises électro-intensives, comme la production d’aluminium ou d’autres, ont délocalisé pour aller dans d’autres pays où cette énergie est bon marché (par exemple le Canada, ou ailleurs). C’est la pire des choses pour la planète car ces pays ont un haut niveau de gaz à effet de Serre et on importe leurs produits ; si on peut être fier d’un meilleur bilan de production de CO2 qu’ailleurs, ces résultats sont beaucoup moins reluisants quand on considère notre bilan carbone global – c’est-à-dire en prenant en compte les intrants et les importations. Du coté des citoyens, les études récentes indiquent que les taxes dites « écologiques » accroissent encore les inégalités. Faire d’immenses économies d’énergie passe par d’autres stratégies que des prix élevés de l’électricité (sauf lorsqu’il y a gaspillage et surconsommation). Il faut retrouver une capacité à fixer une stratégie tarifaire nationale.
Enfin, une grande entreprise comme EDF contribue fortement à la recherche-développement, soutient des secteurs industriels importants et innovant à travers des commandes ; elle est un acteur majeur dans des filières variées qui risquent d’être ainsi fragilisées alors qu’il faudrait les soutenir.
EDF et les autres entreprises publiques doivent être des acteurs efficaces du patriotisme économique et de l’innovation. La privatisation rampante et la dispersion des structures vont à rebours de cette montée en puissance pour la réindustrialisation de la France. Un mauvais coup donc !
La démocratisation et le contrôle citoyen s’imposent dans les entreprises et services publics pour mieux les défendre.
Ce n’est pas pour autant que rien ne doit changer dans la gestion d’EDF : cette entreprise ne doit pas être un Etat dans l’Etat, ou parfois un Etat au-dessus de l’Etat. Le contrôle citoyen et parlementaire doit être renforcé ; la transparence doit devenir la règle, en particulier lorsqu’il s’agit de la sécurité ; le recours généralisé à la sous-traitance doit être banni ; le dialogue avec les collectivités locales doit être systématique ; et enfin c’est le Parlement, en lien avec les Français, qui doit fixer les grands choix, en lien avec les régions et les territoires, car la prise en considération des besoins tout comme les possibilités de développement des énergies renouvelable se déclinent différemment localement. De ce point de vue, l’élaboration de contrats-plan tous les 5 ans entre l’Etat et EDF et entre les régions et EDF serait de bonne méthode. Il faut enfin revoir de fond en comble la composition des conseils d’administrations des entreprises publiques !
N’acceptons pas Hercule !