Université

La droite et le gouvernement Macron-Philippe s’entendent pour réinstaurer la sélection à l’université

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Communiqué de presse de Marie-Noëlle Lienemann, vendredi 16 février 2018

Les débats parlementaires avaient montré les risques que représentait le projet de Loi « Orientation et réussite des étudiants ». La Commission mixte paritaire, entre représentants de l’Assemblée nationale et du Sénat, a validé l’aggravation du dispositif imposée par la droite sénatoriale ; en cohérence, avec les sénateurs socialistes, j’ai donc voté contre ce projet.

Le gouvernement ne veut pas le reconnaître mais la nouvelle grande réforme de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche n’est autre qu’une sélection pure et simple qui frappera en premier lieu les élèves des classes populaires et petites classes moyennes en leur interdisant à plus ou moins brève échéance d’aller à l’université dans la filière de leur choix après le baccalauréat. Elle organise la suppression de la liberté de s’inscrire dans l’établissement de son choix pour les lycéen-ne-s. Leur inscription sera conditionnée à l’examen de leur dossier avec les caractéristiques de la formation. Comment parler de « choix » des lycéen-ne-s quand ceux-ci seront soumis aux décisions des universités ?

Il s’agit bien de sélection à l’entrée de l’Université et elle prendra appui sur une sélection sociale déjà à l’œuvre depuis le collège et le lycée et dans un contexte d’augmentation des effectifs étudiants dans le supérieur. Seul le bachelier qui pourra se prévaloir de la bonne option disponible dans les seuls lycées prestigieux pourra candidater à telle licence ultra-sélective.

Les élèves modestes n’ont pas à faire les frais du manque de moyens consacré à l’université. Les choix politiques de ces dernières années – paupérisation et précarisation du personnel – n’ont fait qu’aggraver la situation et décourager bien souvent les enseignant-e-s chercheur-e-s, mais ce n’est pas à ces élèves d’en faire les frais et de renoncer à leurs études car ce sont eux qui seront les perdants de cette réforme. Rappelons que le diplôme protège du chômage et les métiers font de plus en plus souvent appel à des qualifications élevées : interdire l’accès à l’université, c’est condamner les jeunes à des situations professionnelles incertaines, sans aucune perspective d’avancement.

La régression est encore allée plus loin au Sénat. Pressé par le calendrier, le gouvernement a cédé à la droite sénatoriale et accepte : 1. que les capacités d’accueil en licence soient déterminées en fonction du taux de réussite et du taux d’insertion professionnelle (impossible à définir et à mesurer de façon fiable) ; 2. que le recteur ne pourra passer outre aux capacités d’accueil déterminées par les établissements qui les fixeront au plus bas possible sans risque. Ces deux mesures sont régressives et attentatoires aux droits des bacheliers. Elles ferment le robinet au moment même où le nombre d’étudiants croît régulièrement.

Il y a d’autres solutions et alternatives. Le débat ne saurait se résumer à l’opposition entre APB et le funeste tirage au sort et Parcoursup. En tout état de cause, notre pays ne sera pas capable de relever le défi de la réussite du plus grand nombre à l’université si le gouvernement ne concentre pas plus de moyens à l’enseignement supérieur et la recherche.

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