Face à la récession annoncée en Europe, Marie-Noëlle Lienemann appelle à l’indispensable réorientation de l’Union Européenne en faveur d’une politique de croissance et à sortir du piège de la marche forcée vers les 3% de déficit.
Hélas, c’était prévisible: la zone Euro entre en récession, et avec elle la spirale austéritaire est engagée.
Or poursuivre la politique menée ne va qu’accentuer les difficultés. Les choix opérés depuis des dizaines d’années, fondés sur le libre-échange généralisé, des politiques monétaristes malthusiennes et un pacte de stabilité censé faire objet de politique économique éternelle ont des conséquences désastreuses: croissance européenne atone, désindustrialisation progressive et accélérée, démantèlement des modèles sociaux, hausse des inégalités entre Etats et au sein de chaque pays.
Ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme, proposant depuis longtemps une alternative pour la construction Européenne; mais le débat n’a jamais été accepté au fond et lorsque les peuples refusaient ces orientations, le système poursuivait inexorablement sa route par un mécanisme pervers. Vers le précipice.
L’élection de François Hollande faisait de la relance de la croissance et d’une croissance durable l’élément principal de la réorientation annoncée de l’UE. En refusant d’engager l’indispensable rapport de force qu’en d’autres temps De Gaulle et Tatcher ont su imposer, il n’a pu provoquer des changements majeurs pourtant indispensables. Les faits sont têtus : la croissance est quasi nulle, les déficits perdurent. Ce qui n’a pas été fait au moment du traité TSCG doit être engagé maintenant, sinon les mêmes causes provoqueront les mêmes effets.
Nous devons explicitement proposer à l’UE une alternative de sortie de crise, fondée sur la croissance et qui étale la restauration de déficits publics soutenables. Cela passe par des investissements d’avenir, des convergences sociales vers le haut, une politique de change favorable à l’exportation et la défense du juste échange. Le gouvernement doit dire clairement à la commission que nous demandons une renégociation complète de l’agenda et du cadre macro-économique de la zone euro car partout la preuve est faite que la politique européenne est inefficace et socialement intolérable.
En tout état de cause, le temps est venu de refuser de poursuivre dans cette impasse et la France doit pour sa part engager une stratégie propre de relance, un véritable tournant de la relance avec un message simple: la croissance d’abord. Il est essentiel de résister aux injonctions d’austérité et de reculs sociaux distillés en permanence par les tenants en Europe d’une ligne économique qui a fait la preuve de son échec.